Un voyage dans le temps : les plus vieux enregistrements en breton retrouvés après 120 ans

En juillet 1900, lors de l’Exposition universelle à Paris, Léon Azoulay a enregistré les voix des peuples du monde entier sur des rouleaux de cire, dont les plus anciens témoignages de langue bretonne. 120 ans plus tard, le journaliste Tudi Crequer a réussi à identifier les locuteurs de ces enregistrements.

Pour écouter les enregistrements, rendez-vous à la fin de l’article : écoutez les plus vieux enregistrements en breton.

Un trésor linguistique

Léon Azoulay, médecin et anthropologue, s’est lancé dans un projet fou à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900 à Paris : constituer une arche de Noé des langues du monde. Arpentant l’exposition avec son phonographe sous le bras, il est parti à la rencontre des Bretons présents à Paris parmi les 50 millions de visiteurs qui se sont pressés dans la capitale pour cet événement. Il a proposé à la société d’anthropologie de Paris son projet audacieux : récolter les archives phonographiques des voix des peuples du monde entier. Une mission qui lui a permis de rassembler un exceptionnel trésor linguistique, 400 voix enregistrées, dont celles de nombreux Bretons.

Léon Azoulay s’est alors lancé dans cette collecte sonore massive. Sur son chemin, il a rencontré des Bretons qui occupaient un pavillon dressé parmi les autres nombreuses délégations. Sonneurs, poètes, chanteurs… Léon Azoulay leur a tendu son phonographe et a capturé rigoureusement une grande diversité de dialectes bretons. Ces voix dormaient depuis plus d’un siècle, certaines oubliées au milieu des archives de la Bibliothèque nationale de France.

Autre article à lire :  « An Istor Livet » : La web-série en breton qui tord le cou aux idées reçus sur l’Histoire en breton !

Un an de recherche pour identifier les auteurs

Le jeune journaliste indépendant breton Tudi Crequer s’est donné pour mission de retrouver l’identité de tous les bretonnants, une tâche quelque peu compliquée. Si Léon Azoulay avait soigneusement renseigné des fiches informatives très détaillées pour chacun des enregistrements, l’identité des personnes enregistrée n’y était pas indiquée, ou très rarement. Après un an de recherche et un mémoire sur le sujet, Tudi Crequer a dévoilé les premiers noms de ces voix oubliées : Le chanteur Jean-Mathurin Pocard (Erdeven), le poète Pierre Laurent (Belz) ou encore Jeanne-Marie Le Gouill (Quimper).

Parmi les enregistrements en breton, des contes populaires, des chansons, mais aussi des textes religieux lus par les différents Bretons enregistrés. Une douzaine d’enregistrements sont disponibles sur le site, parmi lesquels un air de bombarde joué par le bigouden Alain-Pierre Guéguen.

Écoutez les enregistrements en breton

Voici un des plus vieux enregistrements en breton, il s’agit de la parabole de l’enfant prodigue (Parabolenn ar mab dispigner) lue par une léonarde, ainsi que quelques mots de vocabulaire (les couleurs en breton et les nombres en breton). Si le bruit de l’enregistrement originel vous dérange trop pour la lecture, vous trouverez juste après une version nettoyée de ce même enregistrement.

 

Un deuxième enregistrement d’un style différent, une histoire drôle en breton, enregistrée par le bigouden Corentin Pichavant.

Un troisième enregistrement du pays vannetais cette fois-ci, une chanson traditionnelle.

Pour écouter la totalité des enregistrements, direction le site du Centre de Recherche en Ethnomusicologie (CREM).

Le reportage de France Télévision

Voir le reportage réalisé par France Télévision au sujet de ces enregistrements.

Autre article à lire :  Une série en langue bretonne pour inaugurer le plus grand plateau de tournage de fiction de Bretagne

1 réflexion au sujet de « Un voyage dans le temps : les plus vieux enregistrements en breton retrouvés après 120 ans »

Laisser un commentaire